Le « frein à la dette » a-t-il du plomb dans l’aile ?

Le « frein à la dette », dispositif constitutionnel qui interdit à l’Allemagne de prévoir un déficit annuel de plus 0,35% du PIB, avait été suspendu en 2020 et 2021 en raison de la crise sanitaire. Il devait être remis en service en 2022. Il attendra au moins un an de plus. Ainsi en a décidé la CDU, qui jugé impossible un retour aussi rapide à l’orthodoxie.

Mais ce débat est devenu en Allemagne un enjeu politique et électoral de premier plan.

Les partisans du retour de ce frein y voient un indispensable instrument d’autodiscipline, et pensent que le retard d’investissement doit être réglé d’abord par « moins d’Etat ». Ils agitent également l’épouvantail du retour de l’inflation et de la remontée des taux d’intérêt.

Mais les opposants sont de plus en plus nombreux. Les sociaux-démocrates, les écologistes et la gauche radicale veulent investir plus et ne pas casser la reprise prématurément comme après la crise de 2008.

Il faut une majorité des deux tiers pour changer le dispositif. Mais un nombre croissant de députés conservateurs évoquent le « réaffutage » du frein à la dette. Et qui peut prévoir quelle sera le résultat des prochaines élections ? Si les Verts y jouent un rôle prépondérant, il pourrait y avoir une majorité pour faire évoluer le dispositif.

Si c’était le cas, cela faciliterait grandement le débat européen sur l’évolution du pacte de stabilité.

Source : C. Boutelet « Le débat sur le « frein à la dette » gagne en intensité en Allemagne », Le Monde 09/03/2021.