Le plan de relance sera-t-il efficace ?

100 Milliards, le chiffre est important, et fait pour frapper. Cela fait environ 4% du PIB, c’est donc beaucoup, et si une telle somme était injectée dans l’économie, en plus des transactions habituelles et en un temps court, l’effet serait sans doute important.

Mais il n’y aura pas 100 milliards réellement dépensés en plus des dépenses habituelles. Par exemple lorsqu’on baisse les impôts de production de 20 milliards, les entreprises concernées se porteront probablement mieux, et on peut espérer qu’à terme, elles se développeront plus, il y en aura de nouvelles, et qu’elles généreront elles-mêmes de nouveaux revenus dans le circuit. Mais ce sont des espérances pour les années futures, voire lointaines, et non un effet immédiat. Il en est de même pour une grande partie du reste du chapitre « compétitivité » qui se monte au total à 34 milliards.

Même pour des dépenses qui semblent plus directes, par exemple pour l’écologie, des postes tels que la transition agricole ou la décarbonation de l’industrie ne sont pas toutes des dépenses nouvelles. On peut même penser qu’il y aura beaucoup d’effets d’aubaine, qui n’apporteront rien à la relance.

Il en est de même pour le chapitre « Cohésion Sociale », qui est un mélange de mesures disparates dont celles qui sont des dépenses nouvelles sont plutôt en minorité.

Au total il est difficile d’estimer quelle somme il faudrait injecter « directement » (dépenses de l’Etat pour acheter à des entreprises ou payer des travailleurs) pour avoir un effet équivalent à celui du plan proposé. Pour notre part, après analyse des différents postes, nous estimons que le chapitre Ecologie pèse pour 50% des sommes dépensées, la Cohésion sociale pour 15% et la Compétitivité pour 6%. Ce qui donne une somme équivalente d’environ 20 Milliards d’euros, ou 0,8% du PIB.

Ceci remet les pendules à l’heure quant au volontarisme du gouvernement, qui assume un plan « pro-entreprises » et estime que les ménages n’ont guère besoin d’être aidés, car d’une part ils l’ont été beaucoup par les dépenses de chômage partiel, et d’autre part leurs réserves de cash battent tous les record. Quoi qu’il en soit, n’espérons pas trop de ce plan.

Source : « France-Relance », Dossier de presse du gouvernement 3 Septembre 2020 ; A. Tonnelier « 100 milliards pour relancer la France », Le Monde 4 Sept. 2020 ; R.B. Desmoulères et al. « Aides aux entreprises : le débat relancé », Le Monde 6-7 Sept. 2020.