Relance, vous avez dit relance ?

Le « Super Mario » veut partir sur un coup d’éclat. La BCE a annoncé aujourd’hui une série de mesures d’assouplissement monétaire.

1. Le taux de dépôt est abaissé de -0,4% à – 0,5%.

2. Pour ne pas trop pénaliser les banques et atténuer son effet, ce taux négatif n’est appliqué qu’au-dessus d’un certain plafond de dépôts.

3. Achat d’actifs, pour 20 milliards par mois, sans limite de date.

De nombreux analystes craignent que les taux trop bas n’entretiennent des effets pervers (surchauffe du marché immobilier), et que le nouveau QE ne relance guère l’économie réelle, qui est plutôt plombée par les guerres commerciales et le ralentissement de la Chine. De nombreuses voix s’élèvent donc pour dire que c’est maintenant aux politiques budgétaires d’agir.

Les yeux se tournent alors vers l’Allemagne, qui a des excédents abondants et pourrait facilement investir de grosses sommes sans inconvénient. Mais les orthodoxes Allemand sont encore approuvés par le gouvernement et le public. Les choses changeront peut-être quand les effets de la récession annoncée de produiront, mais pour l’instant le gouvernement se retranche derrière la règle du « Schwarze Null » (zéro noir, ou règle du budget à l’équilibre), et derrière la constitution qui maintenant interdit un déficit supérieur à 0,35%. Le gouvernement s’apprête à ruser car il doit trouver 50 milliards à l’horizon 2030 pour tenir ses engagements climatiques. Il envisage de créer des entités publiques indépendantes qui pourraient emprunter jusqu’à 35 milliards d’euros par an, soit 1% du PIB. Mais cette ficelle est un peu grosse au goût de certains parlementaires et le débat aura lieu lors de la discussion du budget 2020 au Parlement en Novembre.

Source : Eric Albert « La BCE prête à repousser ses limites » et J.M. Hauteville « L’Allemagne balaie la perspective d’une relance budgétaire », Le Monde Economie et Entreprises 12 Septembre 2019