Ombres sur l’économie mondiale

Les analystes et observateurs sont inquiets. En effet, les bourses sont euphoriques mais la croissance mondiale ralentit. On s’attend à 2,7% de croissance en 2019 et 2020 (3,1 en 2018). Aux Etats-Unis, les entreprises réduisent les investissements sur fond de tensions commerciales. En Europe, les investissements stagnent en Grande-Bretagne, l’Italie est en panne de croissance, et l’Allemagne subit le choc des nouvelles réglementations automobile. En Chine, les exportations ont baissé de 10% sur le début de 2019 en raison de l’affrontement commercial avec les Etats-Unis..

D’où vient alors le climat euphorique ? Beaucoup estiment que des bulles spéculatives se développent, et que ce sont les banques centrales qui ont prolongé le « rallye » par des taux bas et des injections de liquidités. La FED a un peu ralenti, mais les opérateurs espèrent qu’elle va de nouveau baisser ses taux. La BCE, qui n’a toujours pas son taux d’inflation à 2%, annonce qu’elle va redevenir « flexible » si nécessaire. Partout les taux bas ou très bas encouragent l’endettement. Celui-ci a mondialement augmenté de 50% depuis 10 ans. L’ensemble des dettes publiques et privées représente 234% du PIB mondial, contre 208% en 2008. Dans la recherche de rendements, les investisseurs ont beaucoup développé les « prêts à effet de levier » accordés à des entreprises très endettées. Ces « leveraged loans » sont des prêts risqués. Ils ont aussi donné lieu à de la titrisation.

Les banques seraient moins exposées qu’en 2008 à ces prêts risqués, dit-on. Néanmoins leur volume ne cesse de croître. Il est d’environ 1100 milliards de dollars en 2018 (le volume des subprimes en 2008 était de 1300 milliards de dollars).

Dans ces climats incertains (« paradoxe de la tranquillité », théorisé par H. Minsky) il peut suffire d’un choc sur la croissance ou les taux pour que tous les problèmes se révèlent.

Source : E. Barthet et V. Chocron « Bourse, croissance : le calme avant la tempête » Le Monde 8 Juillet 2019