Le chaos monétaire mondial

On parle beaucoup actuellement de la nécessité de réformer le système monétaire international. N. Sarkozy en a fait une priorité pour le prochain G20. On parle aussi de réformer l’euro sous forme d’une plus grande rigueur budgétaire et anti-inflationniste.

Mais quelles réformes faut-il vraiment ? Et quels sont exactement les problèmes à résoudre ? On a souvent dit que les mauvais cours des changes induisent des déséquilibres commerciaux dont l’ampleur a entraîné l’Occident dans un endettement fatal. Mais qu’en est-il exactement ? On montre du doigt la Chine, qui est le seul pays dont le marché des changes n’est pas libre. Mais les autres sont-ils innocents ?

D’abord pourquoi s’intéresser aux taux de change ? Parce que le niveau de ces taux participe à la détermination du prix des produits échangés entre les différents pays du monde. Le taux de change n’est pas le seul facteur de formation des prix. Il y a aussi notamment le coût du travail, la productivité, le coût du transport, la marge du vendeur. Qui plus est, à prix égal, la qualité et le caractère innovant des produits, ainsi que la qualité des services associés jouent également leur rôle. Mais un mauvais taux de change introduit une distorsion qui peut être très importante. Alors que les défenseurs du libre-échange poussent les hauts-cris devant la perspective d’un droit de douane de 10%, une distorsion de change peut alourdir le prix de 100% sans qu’on en parle vraiment, comme si cette distorsion faisait partie de la nature des choses et qu’on n’y pouvait rien.

Pour y voir plus clair, nous allons utiliser la notion de PPA (Parité de Pouvoir d’Achat) ou en anglais PPP (Purchase Power Parity)(1) . La PPA entre deux monnaies est le taux de change idéal pour lequel un panier de biens de référence peut être acheté au même coût dans l’un ou l’autre pays, qu’on utilise une monnaie ou son équivalent échangé à ce taux idéal. Nous utiliserons la PPA calculée sur un panier de biens ayant même composition que le PIB du pays concerné, qui rend mieux compte des prix sur l’ensemble des agents économiques. En comparant taux de change et PPA, mesure-t-on bien l’impact du taux de change sur la compétitivité ? Oui, si on accepte les imperfections liées à tout indice calculé sur un panier de biens, cette comparaison mesure bien le pouvoir d’achat d’un agent économique, notamment une entreprise, qui de son propre pays et avec sa propre monnaie, cherche à acheter dans un pays étranger. En fait, si le système monétaire était parfait, les monnaies devraient toujours rester entre elles au voisinage de leur PPA. Ceci rendrait le taux de change « neutre Â», c’est-à-dire qu’il égaliserait à peu près les coûts apparents du travail. Il resterait alors aux compétiteurs la productivité et l’inventivité pour être meilleurs que les autres. Autant dire que cette situation « idéale Â» ne supprimerait pas toute inégalité dans le commerce mondial, mais au moins un facteur de concurrence déloyale serait éliminé. Ceci est d’autant plus important que nous verrons que ce facteur peut avoir un effet très significatif.

Notons aussi que dans la zone euro, puisque par hypothèse les taux de change sont les mêmes, les PPA devraient aussi être identiques. Ou, dit autrement, les PPA mutuelles devraient être, comme les taux de changes mutuels, égales à l’unité, sinon les membres à faible PPA ont un « avantage de change Â» par rapport à leurs partenaires(2) .

Dans la Fiche Technique N° 15, nous montrons que si on pose les définitions correctement, un taux de change TCH inférieur à la PPA par rapport à un autre pays signifie que la monnaie est sous-évaluée par rapport à celle de cet autre pays, parce qu’on obtient moins de monnaie que nécessaire pour acquérir le même panier dans l’autre pays. Et inversement si le taux de change est supérieur à la PPA.

 

La situation de la zone Euro

 

La figure 1 donne le ratio d’une part en 2009, en rouge, et pour l’année d’entrée dans la zone euro, en bleu. La Grèce est entrée en 2001, la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008, la Slovaquie en 2009 et l’Estonie en 2011 (tout de même conservée sur le graphique avec ses valeurs de 2009). Tous les autres sont entrés à la création de la zone euro, en 1999.

Rappelons que si le ratio est supérieur à 1, la monnaie est surévaluée par rapport à la monnaie prise comme étalon, ici le dollar des Etats-Unis. Et plus le ratio est grand plus la monnaie est surévaluée.

On peut voir sur ce graphique que tout le monde a monté (parce que l’euro a monté), mais certains plus que d’autres. L’Allemagne, qui augmente de 1,04 à 1,12, et qui était en tête de la surévaluation en 1999 avec la Finlande, est maintenant dépassée par 7 autres pays, dont la France. Au contraire la Grèce, qui était nettement sous-évaluée au départ par rapport au dollar (ratio 0,6) est maintenant pratiquement à parité (ratio 0,986). De même, l’Italie passe de 0,87 à 1,1. La France, quant à elle, passe de 1,02 à 1,22.

Les pays étant sur le graphique ordonnés par ratio 2009 décroissant, on voit qu’il y a une séparation assez nette entre ceux qui sont au-dessus de la parité avec le dollar (en fait les pays du Nord + l’Italie) et ceux qui sont en-dessous (les autres pays du Sud et les nouveaux pays). Notons aussi que les nouveaux entrants ont tous une sous-évaluation par rapport aux autres membres. Les valeurs vont de 0,34 (Malte) à 0,88 (Slovénie).

En conclusion de ce tour d’horizon, l’Euro est modérément surévalué par rapport au dollar. Il l’est de 10 à 28% (France 22%) pour les grands pays du Nord, et il y a une certaine dispersion entre les membres. Mais ce n’est rien par rapport à ce que nous allons voir maintenant en sortant de la zone euro.

 

L’Europe des 27 et les pays proches

Par « pays proches Â» nous entendons principalement les pays issus de l’ex-URSS (y compris la Russie).

On assiste dans la figure 2 a une dispersion importante, de 0,4 (Ukraine) à 1,52 (Danemark). C’est une sous-évaluation de 1,52/0,4=3,8. Qui plus est, ce sont toujours les mêmes qui sont surévalués. On peut schématiser en distinguant plusieurs groupes

– les surévalués chroniques : les européens du Nord (Danemark, Norvège, Finlande, Luxembourg, Irlande, France, Belgique, Autriche, Pays-Bas, Suède, Allemagne, Italie) auxquels on peut adjoindre la Suisse. Ces 13 pays sont tous au-dessus du dollar (1,1 à 1,5)

– Les intermédiaires : Grèce, Espagne, Royaume-Uni, Portugal, qui entre 0,9 et 1, gardent une petite sous-évaluation par rapport aux précédents.

– Les sous-évalués : Pologne, Pays Baltes, Républiques tchèque et slovaque, la Croatie, la Hongrie. Ils sont pour la plupart dans l’Europe et ont une nette sous-évaluation par rapport au groupe du Nord. Les ratios vont de 0,72 à 0,77 ce qui donne une sous évaluation par rapport au groupe du Nord de l’ordre de 1,7.

– Les fortement sous-évalués : Ils sont dans l’UE (Roumanie, Bulgarie) ou hors UE (Géorgie, Arménie, Bosnie, Albanie, Azerbaidjan, Bélarus, Russie, Ukraine). Les ratios vont de 0,4 à 0,57 soit une sous évaluation de l’ordre de 2,6

Le continent Européen montre donc un certain désordre, car au lieu que le système monétaire et les changes libres conduisent les taux à leur équilibre souhaitable, ils conduisent à des divergences dans lesquels certains profitent d’une sous-évaluation tandis que d’autres pâtissent de cours trop élevés. Ces résultats expliquent pourquoi les français et les allemands vont faire fabriquer leurs voitures en Hongrie ou en Roumanie. Ils y bénéficient en gros d’un avantage de change d’un facteur 2.

On peut aussi être étonné que l’Allemagne, qui bien que moins surévaluée que ses « collègues Â» est tout de même dans le groupe des surévalués, n’en souffre apparemment pas et bat records sur records à l’exportation. Nous reviendrons sur ce cas Allemand car il est important de comprendre les raisons de ce contre-exemple.

 

L’Asie

Nous allons comparer le groupe des européens du Nord (celui qui nous intéresse au premier chef) à un certain nombre de pays asiatiques.

 

La Figure 3 nous montre des différence de ratios encore plus nets que ceux constatés sur le continent européen. Par rapport à la France, assez représentative de la moyenne du groupe des surévalués, la sous-évaluation va de 1,7 pour Singapour à 3,6 pour les Indes. Ces sous-évaluations nous expliquent pourquoi ces pays sont souvent gagnants dans la compétition commerciale chez nous.

Il y a cependant 2 surprises. D’abord, le Japon s’est glissé dans le groupe des surévalués. Il est quasiment à parité avec la France. Pourtant, il est réputé être comme l’Allemagne un puissant exportateur. Nous reviendrons donc sur son cas en même temps que sur celui de l’Allemagne.

La deuxième surprise est que le champion asiatique de la sous-évaluation n’est pas la Chine. Celle-ci a un facteur de sous-évaluation avec la France de 2,2 alors que l’Inde a 3,6. La prééminence chinoise dans certains secteurs doit donc beaucoup à son avantage monétaire, mais aussi à un certain savoir-faire pour passer devant ses concurrents.

Ceci dit, Il est impossible de nier que des facteurs 2 à 4 dans les niveaux de prix pour des biens équivalents montre que la compéti­tion n’est pas juste. Les marchés libres des changes, qui sont supposés équilibrer les taux de change à leur PPA, n’y arrivent pas du tout, c’est le moins qu’on puisse dire. Affirmer, comme le disent certains, que ces déviations sont des déviations à court terme, et qu’à long terme tout s’arrangera, est pour le moins hasardeux. En témoigne sur la figure 4 l’évolution du ratio XR/PPA pour la France et l’Inde depuis les années 1980. Cette figure suggère que l’écart diverge plus qu’il ne converge en 30 ans. S’il devait converger, nous serions tous morts avant que cela arrive !

Il n’y a en fait rien d’automatique dans les marchés des changes. Les pays asiatiques nos concurrents, ainsi que nos concurrents plus proches, s’arrangent pour conserver des taux de change qui n’égalisent pas du tout les coûts salariaux, et au contraire les biaisent à notre détriment.

Les adversaires de la régulation des taux de change invoquent alors les contre-exemples de l’Allemagne et du Japon pour soutenir qu’on peut très bien réussir même avec une monnaie surévaluée, et donc qu’associer un avantage compétitif à une monnaie sous-évaluée n’est pas prouvé. Parlons donc de ces deux pays, et surtout de l’Allemagne, qui est l’exemple qui nous touche de plus près.

 

L’Allemagne et le Japon

Comment ces pays font-ils pour rester compétitifs à l’exportation malgré des monnaies surévaluées ?

D’abord il y a entre ces deux pays une caractéristique commune de nature sociologique, qui provient de structures familiales particulières, et qui consiste a avoir plus qu’ailleurs un respect de l’autorité, qu’elle soit familiale, politique ou religieuse. Le Japon nous montre en ce moment même comment il réagit d’une manière étonnante pour nous aux épouvantables catastrophes qu’il subit : tremblement de terre, tsunami, grave accident nucléaire, il semble supporter tout avec dignité et discipline.

On trouve dans l’histoire des exemples similaires en Allemagne. C’est pourquoi dans ces 2 pays, le détricotage de la société d’abondance a pu être poussé comme nulle part ailleurs, au nom de la compétitivité. La population en situation précaire est au Japon une proportion notable des actifs, au pays où régnait il n’y a pas si longtemps le « job à vie Â». En Allemagne, Les allocations de chômage ont été fortement réduites et l’apparition des jobs à 1 euro de l’heure n’a pas soulevé de grandes protestations. Dans ces deux pays on assiste à un chômage relativement élevé, compte tenu du chômage « caché Â» par ces jobs précaires.

Ceci explique pourquoi l’Allemagne a amélioré sa compétitivité par rapport à ses partenaires européens, mais cela n’explique pas tout.

Nous avons expliqué ailleurs comment l’Allemagne pratiquait plus que d’autres une « Ã©conomie de bazar Â» et comment en réalité elle fabriquait dans des pays à bas salaires (pays à monnaie faible et hors zone euro, ou pays à bas salaires en zone euro) les biens qu’elle exporte dans les pays à monnaie forte(3) . L’Allemagne profite ainsi de l’Euro fort plus qu’elle n’en souffre. Elle a non seulement suivi la tendance générale à délocaliser en Asie ou ailleurs, mais a su avant les autres et en raison de la proximité géographique, organiser la délocalisation de ses fabrications dans les pays de la périphérie européenne. Ces fabrications sont ensuite assemblées en Allemagne pour recevoir le label de la qualité allemande (ou reçoivent directement ce label).

Quant au Japon, on sait que dès que son statut de pays à monnaie sous-évaluée a été remis en cause par les Etats-Unis dans les années 1980, ce pays a fait des investissement colossaux non seulement en robots d’automatisation, mais aussi dans des pays de délocalisation pour pouvoir y construire des usines (Taiwan, Malaisie, Indonésie, Corée, Singapour)(4) .

Bref, les exemples de ces 2 pays, bien qu’ils soient abondamment repris, ne sont pas généralisables. Car même si tout le monde pouvait techniquement et sociologique­ment aller dans ce sens, il serait impossible que tous les pays de la planète se nourrissent sur le dos des pays européens « riches Â», y compris eux-mêmes. Tous les pays ne peuvent être excédentaires à la fois, il faut des partenaires déficitaires.

 

Quel est l’impact de ces écarts ?

Les conséquences de ces déséquilibres sont très graves. Il a été souvent montré, et notamment sur ce site, comment ces déséquilibres ont conduit à la stagnation des salaires, puis à l’endettement des ménages et finalement à la crise bancaire. Ici nous allons faire un exercice moins courant, qui est d’essayer d’estimer le coût direct en emplois. Nous prendrons le cas de la France, face aux pays asiatiques.

Si on regarde les chiffres brutalement, notre balance commerciale concernant les biens industriels et agricoles avec les pays asiatiques est bénéficiaire. En effet, sur un ensemble de pays qui rassemble presque tout le commerce sur cette zone, on trouve les chiffres suivants en millions d’euros et en 2008.

Import

Export

Solde

61 393,55

71 188,04

9 794,48

 

 

Du point de vue financier, tout va donc bien, et les bons esprits ont tôt fait d’argumenter que le libre-échange ne nous nuit pas du tout.

Mais les importations sont fortement minorées par la sous-évaluation des prix d’importation. Si nous corrigeons ces importations par les ratios du taux de change à la PPA, ratios dont nous avons parlé plus haut, et si nous évaluons ces ratios avec l’euro français comme monnaie de référence, on peut montrer (voir notre Fiche N°15) qu’on obtient alors des importations aux prix français

C’est bien sûr une correction approchée plutôt qu’exacte, mais cela nous permet néanmoins de faire un solde de marchandises plus proche de la réalité de la vraie valeur des marchandises. On obtient alors, toujours en millions d’euros, le tableau suivant.

 

Import

Export

Solde

140 697,19

71 188,04

-69 509,16

On voit que les exportations n’ont pas bougé (elles étaient déjà évaluées en euros français) mais que les importations ont plus que doublé, et maintenant le solde est négatif de 69,5 milliards d’euros.

On peut comparer ce solde à la valeur ajoutée des biens de même nature produits en France. Comme l’agriculture intervient très peu dans ce solde déficitaire, on peut se concentrer sur l’industrie, dont la valeur ajoutée est en France en 2008 de 241 milliards d’euros. Le solde négatif avec l’Asie représente donc 69,5/241=29% de la production industrielle. Autrement dit un rééquilibrage des échanges avec l’Asie augmenterait notre production industrielle de près de 30%, et l’emploi industriel d’autant, voire beaucoup plus, car un emploi direct en génère 2 à 3 autres, et les biens importés concernent des biens plus riches en emplois que la moyenne des biens industriels. Bien entendu, cet exercice est théorique mais il montre bien la hauteur des enjeux, car l’Asie n’est qu’une face de notre déficit en emplois. Nous aurions le même genre de surprise en faisant les mêmes calculs pour les pays à monnaie basse de l’UE ou de son environnement, dont certaines des exportations passent d’ailleurs par l’Allemagne.

 

Conclusion.

Il n’y a pas d’arguments rationnels sérieux pour justifier la jungle des monnaies, dans laquelle règne le plus fort ou le plus malin. Nous avions déjà expliqué que les excédents de certains pays avaient conduit aux déséquilibres financiers qui ont eux-mêmes conduit à la crise financière. Nous venons d’autre part de montrer comment ces dérèglements entrainent la perte de nos emplois. Il n’est pas étonnant –même si c’est profondément regrettable- qu’un peu partout en Europe montent la xénophobie et la demande de protectionnisme. Nos dirigeants feraient bien d’ouvrir les yeux et de considérer enfin qu’une régulation des mécanismes de change est indispensable.

Or les solutions existent. La solution radicale est celle de l’unité de compte mondiale à taux fixes de Paul Davidson, que nous avons présentée et développée plusieurs fois(5) . Mais en attendant que cette solution ne puisse s’imposer au moins en Europe, il suffirait de s’entendre sur des niveaux de changes « corrects Â» et sur un mécanisme de révision, puis de réguler les marchés des changes à l’aide d’une « Taxe Modulable sur les Transactions de Change Â» ou TMTC, dont nous avons également exposé le principe(6) , et qui permettrait de garder les marchés libres en les forçant à rester autour des taux officiels.

Malheureusement, il est bien difficile de convaincre les bénéficiaires du libre-échange de lâcher leurs avantages au motif de rendre le monde meilleur. C’est pourquoi à notre avis il faudra forcer la négociation par un protectionisme défensif et, espérons-le, provisoire.



(1) Pour plus de détails sur la PPA, voir notre Fiche technique N° 15

(2) Par définition, le taux de change entre pays de la zone euro est constant et égal à 1. Mais les pouvoirs d’achat diffèrent car les niveaux des prix et des salaires ne sont pas identiques.

(3) Voir notre étude sur ce site « L’économie de bazar Â». (2008)

(4) Pour plus de détails, voir « Comment le Japon est devenu un géant économique Â» sur ce site (2005), et notamment la section sur le « Dimanche noir Â» de 1985.

(5) Voir sur ce site « Solidarité internationale et système financier Â» Section VI (2002)

(6) Voir sur ce site « La Taxe Modulable sur les Transactions de Change ou TMTC Â» (2006)



18 commentaires pour “Le chaos monétaire mondial”

  1. Bonjour Gabriel
    Le lien avec la PPA (fiche technique 15) ne fonctionne pas.
    Cela dit, j’apprécie ton travail.
    Amitiés
    jean

  2. Bonjour Jean,
    En principe c’est réparé; Merci pour l’info, ça aide …

  3. A quand une monnaie mondiale ?
    D’autre part, sans devenir protectionniste à tout crin, pourquoi pas une politique de circuits courts chaque fois que cela est possible. Les échanges nationaux ne sont pas forcément une mauvaise chose avant l’avènement d’une fédération mondiale. Dans deux siècles peut-être.

  4. Vous dites « ces dérèglements entrainent la perte de nos emplois ». Un entrepreneur produit à un coût supérieur au prix de marché. Il fait une erreur de choix de fabrication. Cette erreur de l’entrepreneur induit le chômage de ses employés. Cette cause me semble évidente.

  5. @JP Loupp
    Bien sûr que le circuit court est à rechercher. Mais comment faire court quand le long est beaucoup moins cher ?
    @gdm
    Il me semble que vous n’avez pas compris la démonstration. Quel choix de fabrication pouvez-vous faire (autre que la délocalisation) si la distorsion monétaire renchérit votre coût par un facteur 2 ou 4 en faveur de vote concurrent ?
    GG

  6. @ G. Galand
    Délocalisation en Allemagne, robotisation au Japon. Pour la France, vous analysez une hypothèse d’une production qui remplacerait la production asiatique. Vous calculez que le volume produit en Asie correspond à 30% de la production industrielle française. Vous en déduisez que l’emploi industriel français serait augmenté de 30% par une hypothétique taxation de l’importation des produits asiatiques.

    On pourrait rendre plus précis, mais plus complexe, votre raisonnement. Par exemple, en tenant compte de l’élasticité des prix. Au même prix, les produits asiatiques et les produits français se partageront équitablement le marché. C’est à dire plutôt 30/2 soit environ 15%.

    Cette élasticité invite à tracer les courbes de l’offre et les courbes de la demande, avant et après la taxe. Classiquement, ce schéma ultra-classique fait apparaitre la « perte sèche », c’est à dire la richesse détruite pour tous par la taxe de douane. Cette perte sèche se partage entre la France et l’Asie. Les consommateurs français paient plus cher et donc s’appauvrissent dans cette opération.

    L’hypothèse que vous développez n’excuse pas l’entrepreneur qui a fait l’erreur de produire à un prix supérieur au prix mondial. D’autres productions sont normalement rentables dans l’hexagone. Il est absurde d’investir dans une production, a priori, déficitaire. Pourquoi donc l’État, et le peuple français, devraient-il subir les conséquences des mauvais choix de production de ces mauvais entrepreneurs?

  7. @gdm
    Sur la marge de manoeuvre de l’entrepreneur (votre intervention initiale), vous ne répondez-pas à la question suivante : Le désavantage de coût d’un facteur 2 à 3 que subit cet entrepreneur français, désavantage d’origine purement monétaire, montre-t-il un fonctionnement normal du SMI ou un manque de régulation de celui-ci ?
    Dire qu’on peut tourner ce désavantage en essayant de produire des choses que le concurrent ne sait pas produire est un acte de foi dont je vous laisse la responsabilité. Le passé ne plaide pas en votre faveur.
    Sur les calculs je n’ai pas parlé du « volume » produit en Asie mais du « solde ».

  8. @G. Galand
    1. Le cout de l’ouvrier chinois est trois fois moindre parce que le niveau de vie est trois fois moindre en Chine. Je ne vois aucune cause monétaire à cela. Et encore moins « purement monétaire ». Tripler le niveau du yuan égaliserait le cout de l’ouvrier chinois et de l’ouvrier français. Mais ce serait un non-sens économique.

    2. La quasi-totalité de la production française est compétitive sur un marché national, et souvent même mondial. Le choix des productions rentables est donc immense. Le passé et le présent plaide en faveur de mon affirmation. Ce n’est pas un acte de foi. C’est une constatation.

    Un entrepreneur français se trompe. S’il change de fabrication, il produira d’autres marchandises plus compétitives. Sinon, son entreprise périclite. Son erreur cause alors le chômage de ses employés. Mais pas leur chômage prolongé.

    3. La cause du chômage prolongé est, amha, l’accumulation des obstacles légaux au droit de travailler en France. Un rapport de l’OCDE le rappelle clairement dans ces mêmes termes.

    4. Je ne trouve pas de réfutation à votre approche comptable sur des agrégats macro-économiques. Cependant, j’ai l’intuition qu’une telle approche plus contestable.

  9. @gdm
    Vous dîtes que l’équilibrage volontariste des balances commerciales un non-sens économique parce que vous privilégiez la liberté des changes et l’efficience du marché avant-tout.
    Moi je pense que le non-sens économique, c’est de laisser le marché libre empiler les déséquilibres.
    Le reste de vos affirmatios est de même inspiration.
    Il s’agit de conceptions du monde économiques opposées, Keynes contre Hayek.
    Nous ne nous convaincrons pas l’un l’autre. Nos lecteurs jugeront eux-mêmes.
    Merci de votre contribution.

  10. bonjour Gabriel,
    Tu soulève a mes yeux le seul argument solide anti-libre échange. L’analyse est fort intéressante mais je me permets une critique : tu accorde trop de foi à la mesure de PPA. quand il s’agit de pays de même niveau de développement ca va a peu près mais plus loin cela devient très difficile. je pense notamment à l’Inde et la Chine qui, rappelons le, ne sont pas des pays mais des continents où la mesure du coût de la vie varie radicalement entre certaines zones du même pays.
    Plus encore je vois dans ton tableau que les pays pauvres d’europe et d’asie sont systématiquement en sous évaluation de leur monnaie : n’est ce pas le signe d’un biais méthodo ? car je doute que tous ces pays fassent du dumping monétaire.
    ceci étant dit la sous évaluation chinoise et indienne est un fait incontestable. elle me parait juste ici surestimé.
    amitiés,
    F carlier

  11. Bonjour François,
    Je pense que la PPA n’est pas en cause. Tu dis en gros que puisque le niveau de vie d’un pays pauvre est faible il est normal que son taux de change soit en dessous de sa PPA, ce n’est pas du dumping monétaire.
    Je te réponds que si on dit ça, cela signifie qu’on subventionne le pays pauvre. On ne peut qu’être en faveur de cette conception, mais le problème est alors : où s’arrête la subvention et où commence la prédation ?
    Car nos entreprises savent voir où le taux de change est en dessous de la PPA et y installer leurs usines !
    Gab

  12. non non gabriel, j’insiste, je ne suis pas sur que les calculs de PPA soient justes pour les pays pauvres. L’exemple célèbre est l’énorme changement de calcul de la banque mondiale sur la ppa et pib chinois (cf lien et résumé ci dessous). Au dela de cet exemple même si les techniques d’évaluation progressent elles sont encore fragiles (dans un domaine, l’économie, plus proche des médecins de molière que d’Enstein).
    http://www.reporterre.net/spip.php?article10
    Ça sonne comme une chanson de Dutronc, mais l’affaire est à la fois sérieuse et sidérante : en reprenant ses calculs, la Banque mondiale a découvert que l’économie de la Chine était surévalué, et que, de ce fait, le nombre de pauvres y était plus important qu’on ne le pensait. Un effet inattendu de cette énorme erreur statistique : le nombre de pauvres dans le monde n’a pas baissé dans les années 1990, contrairement à ce que l’on pensait.

  13. @françois
    Donc tu ne mets pas en cause la méthode des PPA, mais la qualité des mesures.
    L’exemple de la Chine est caricatural. Ce pays est bien connu pour produire des statistiques douteuses. Les PPA ne sont pas seulement produites par la Banque Mondiale, qui reprend le plus souvent les chifres donnés par les pays membres, mais par des organismes indépendants, par exemple Penn University qui produit les Penn Tables. Dans ces tables la Chine est le seul pays à bénéficier de 2 séries de chiffres, les chiffres officiels d’une part, les chiffres corrigés d’autre part, avec de nombreux articles universitaires en références.
    Pour les autres, s’il y avait un biais systématique vers le bas de mon ratio Change/PPA,et puisque les taux de change sont incontestables, ceci voudrait dire un biais vers le haut de la PPA, c’est à dire un biais vers le bas des prix mesurés. Vois-tu une raison pour laquelle la mesure des prix serait systématiquement trop basse dans tous les pays pauvres ?

  14. Bonjour M. Galand,
    Ce n’est que très récemment que j’ai découvert vos articles et fiches. C’est peu dire que je les ai trouvés stimulants pour la réflexion.
    Dans le cas d’une monnaie commune européenne, qu’en sera-t-il de la dette extérieure de la France dont je lis qu’elle est détenue à 70 % par des étrangers?

  15. @ JP Feuillerat
    Merci pour votre soutien. La monnaie commune a pour but d’équilibrer les échanges et de rendre la conduite de la politique monétaire à chaque pays. Le problème de la dette est indépendant. Pourriez-vous préciser votre question ?

  16. Je n’ai pas la réponse gabriel. tout ce que je sais c’est que dans ce type d’évaluation le relevé de prix est souvent jsute mais c’est la composition réelle de la conso où on se plante souvent (yc en france)
    mais je le rappelle encore : la sous éval des monnaies chinoises et indienne est incontestable, on est d’accod sur ce point, pour les autres je demande à voir

  17. Bonjour M. Galand.

    J’ai une question concernant le principe de la monnaie fondante de Silvio Gesell : qu’en pensez-vous ? Est-ce bon pour l’économie d’avoir une monnaie dont la dépréciation est programmée ?

  18. @trubli
    Je pense que la monnaie fondante est du point de vue économique un très bon système, mais pour qu’il soit accepté, il faut que la société n’ait pas trop envie d’épargner, ce qui est rarement le cas. Donc en fait il est socialement impraticable, sauf dans des rares cas où les pratiquants manquent de tout et ne peuvent épargner.

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