Fiche N° 14 : Revenus, pouvoir d’achat et niveau de vie des ménages, définitions utiles.

Revenu disponible brut (RDB) des ménages ou, plus simplement, revenu disponible (RD).

Le revenu disponible d’un ménage comprend

– Les revenus nets d’activité,

– Les revenus du patrimoine,

– Les transferts en provenance d’autres ménages,

– L’ensemble des prestations sociales, y compris les pensions et les indemnités de chômage,

– En négatif, quatre impôts directs : l’IRPP, les CSG, la CRDS, la taxe d’habitation.

Par souci de simplification n’ont pas été compris :

– En positif, des aides financières comme les primes d’épargne et certaines des aides au logement,

– En négatif, les impôts fonciers, les droits de succession et de mutation, et des impôts secondaires.

Une telle convention statistique paraît être internationale (niveau OCDE), tout au moins dans son esprit.

Le revenu disponible net était le RDB après soustraction de l’amortissement des immobilisations du ménage. Ce concept est généralement abandonné. L’OCDE ne semble pas l’avoir encore fait, ce qui crée une divergence entre INSEE et l’OCDE sur l’évaluation du taux d’épargne des ménages, dans le calcul duquel intervient cet amortissement.

Dans les immobilisations des ménages est inclus l’investissement productif des entreprises individuelles (E.I.) dont les comptes font partie intégrante des comptes des ménages. Cet investissement productif est faible, actuellement (2008) de 1,0% du RD. Pour obtenir le revenu disponible strictement domestique, il conviendrait donc de soustraire 1 point à la valeur officielle du RD.

L’INSEE définit aussi un revenu disponible « ajusté » (RDA) en ajoutant au RD une évaluation des transferts sociaux en nature dont bénéficient les ménages. Mais cette notion est actuellement très peu utilisée. Il semble que le RDA croisse un peu moins vite que le RD.

 

RDB en valeur pour l’ensemble des ménages.

C’est la somme des RDB de tous les ménages, et n’a pas de signification directe.

 

RDB en volume pour l’ensemble des ménages, aux prix d’une année de référence.

C’est la somme des RDB en valeur qu’on divise par l’indice des prix à la consommation finale des ménages (IPCF) (année de référence = 1). L’IPCF est un peu différent de l’indice des prix à la consommation ordinaire (IPC) car tenant compte :

– de l’autoconsommation,

– des avantages en nature,

– des loyers fictifs.

 

RDB en volume par habitant.

Ce concept est assez peu pertinent compte tenu de la réalité des familles et des ménages. Cependant, au même titre que la croissance du PIB par habitant, il peut s’agir d’une base intéressante par exemple pour une première comparaison entre pays ou régions.

 

Pouvoir d’achat moyen par ménage

La division du RDB total en volume par le nombre de ménages donne la quantité de biens (aux prix de l’année de référence) qu’il peut acheter et on l’appelle alors « pouvoir d’achat par ménage Â». Ce concept donne le même poids à tous les ménages quelle que soit leur composition.

 

Pouvoir d’achat moyen par « unité de consommation »( UC ) ou « niveau de vie Â»

Tous les ménages ne peuvent pas avoir le même poids car:

-d’une part le nombre de membres d’un ménage varie,

-d’autre part chaque membre du ménage a des besoins différents.

Dans cette conception la France applique une convention internationale de l’OCDE où le premier adulte compte pour 1, les autres adultes sous le même toit pour 0,5 chacun ainsi que les jeunes de 14 ans et plus, les enfants de moins de 14 ans pour 0,3. Pour la France l’application de ces règles rapproche beaucoup le niveau de vie du pouvoir d’achat par habitant et l’éloigne beaucoup du pouvoir d’achat par ménage. Cette convention est utile mais peut être source de confusion comme en atteste l’exemple simple qui suit. Un ménage constitué d’un couple et de deux enfants de moins de 14 ans doit se séparer. Avant séparation le ménage compte pour 1 + 0,5 + 0,3 + 0,3 = 2,1 UC. Après séparation l’ensemble des deux ménages comptent pour 1 + 1 + 0,3 + 0,3 = 2,6 UC. Qui peut admettre que le niveau de vie de ces personnes puisse se maintenir, compte tenu des problèmes de logement et de transport, avec seulement 5/ 21 = 24% de budget total en plus ?

Le concept de niveau de vie ainsi défini est donc insatisfaisant. Appelons de nos vÅ“ux la création d’un concept plus réaliste.

 

Les évolutions dans le temps

Lorsqu’on manipule les concepts définis plus haut (revenu disponible, pouvoir d’achat, niveau de vie) à une date donnée, on comprend à quoi correspondent les différentes notions, même si on a pour chacune des résultats différents. Mais quand on veut regarder leur évolution dans le temps, ces évolutions peuvent être assez différentes si les relations qui les relient les unes aux autres changent aussi. En particulier, nous savons que le nombre de ménages a tendance à augmenter plus vite que la population, car la taille de chaque ménage diminue, et le nombre de personnes seules ou familles monoparentales augmente. Le revenu par ménage augmente donc moins vite que le revenu par tête. Pour la même raison, la tendance est à la baisse du nombre d’Unités de Compte par ménage. La Figure ci-dessous donne l’évolution de ces paramètres et montre que les 3 paramètres qui interviennent évoluent à des rythmes différents. On voit que par exemple en 2005 le nombre d’habitants a augmenté de 0,6%, le nombre de ménages de 1,6% et le nombre d’Unités de Consommation de 0,9%.

 

Ces évolutions différentes des paramètres qui permettent de calculer pouvoir d’achat et niveau de vie fait que lorsqu’on essaie de mesurer des évolutions dans le temps, on s’y perd quelque peu.

Ajoutons que certaines études s’intéressent aussi aux foyers fiscaux. Il peut y avoir plusieurs foyers fiscaux dans un ménage, de sorte qu’il y a plus de foyers fiscaux que de ménages. Il semble que le ratio « foyers fiscaux/ménages Â» soit resté stable au cours du XXème siècle mais nous n’avons pas de données plus récentes.

Terminons par un exemple qui montre l’aspect concret de ces difficultés. Nous donnons ci-dessous l’évolution des différentes variables définies plus haut, en France et en moyenne sur la population entière, en euros constants, entre 1996 et 2007 (source INSEE).

 

1996

2007

%/an

PIB

100

129

2,34

RDB

100

129

2,34

RDB/habitant

100

121

1,75

RDB/Ménage

(Pouvoir d’achat)

100

112,2

1,05

RDB/UC

(Niveau de vie)

100

117,9

1,51

 

 

On s’aperçoit d’abord que l’augmentation du PIB de 2,34% par an ne se traduit pour les ménages que par une augmentation de 1,05%, à cause de l’évolution cumulée du nombre d’habitants et du nombre de ménages. Ensuite on s’aperçoit que le niveau de vie augmente, lui, de 1,51%, et donne ainsi une image moins mauvaise de l’évolution, sans qu’on sache très bien si cette image plus favorable est réellement ce qui est perçu par les ménages.

 

 

 

Examen de la distribution des revenus.

Quand on veut caractériser les inégalités, on peut les examiner en termes de revenu disponible, de pouvoir d’achat par ménage ou de niveau de vie. Il faut préciser à chaque fois, car les résultats peuvent être différents.

Par ailleurs, on ne s’intéresse plus aux grandeurs moyennes, mais aux « histogrammes Â» des revenus. Autrement dit on divise la population en tranches, chacune comportant les ménages dont les revenus sont compris entre 2 seuils ou « quantiles Â». Par exemple si on veut répartir en 10 tranches, on parle alors de « déciles Â». La première tranche est constituée par les 10% de ménages dont le revenu est compris entre zéro et le 1er décile. Ceci définit ce premier seuil. La deuxième tranche est constituée par les 10% de ménages dont les revenus sont compris entre le 1er et le 2ème décile. Etc. …

Il faut faire attention que souvent les statisticiens et notamment l’INSEE désignent sous le terme de « décile Â» (il en est de même pour les quintiles ou les centiles) à la fois d’une part le seuil supérieur de la tranche (définition généralement acceptée comme définition de base) et d’autre part la tranche elle-même de population qui est en-dessous du décile concerné (et au-dessus du décile inférieur. Quand on lit des textes parlant de déciles, il faut donc déterminer par le contexte s’il s’agit du seuil ou de la tranche.

 

Exemples de répartition

Déciles de niveaux de vie (euros 2006). Les déciles (seuils) sont indiqués par D1, D2, etc.….

 

Limites des tranches (déciles, euros par an)

Niveau de vie moyen dans la tranche (euros par an)

D1: 10% des français avaient moins de

9723

7 494 (A)

D2: 10% des français avaient entre

9 723 et 12 080

10968

D3: 10% des français avaient entre

12 080 et 13 558

13030

D4: 10% des français avaient entre

13 558 et 15 577

14866

D5: 10% des français avaient entre

15 577 et 17 797

16661

D6: 10% des français avaient entre

17 797 et 19 683

18621

D7: 10% des français avaient entre

19 683 et 22 940

20879

D8: 10% des français avaient entre

22 940 et 25 799

23893

D9: 10% des français avaient entre

25 799 et 33 193

29074

D10: 10% des français avaient plus de

33193

50 552 (B)

Rapport D9/D1 et Rapport B/A

3,41

6,75

 



3 commentaires pour “Fiche N° 14 : Revenus, pouvoir d’achat et niveau de vie des ménages, définitions utiles.”

  1. Bonjour aux lecteurs,

    Je lis en début de fiche, au chapitre « Revenu Disponible Brut » (RDB):

    – Les transferts en provenance d’autres ménages.

    Dans ces évaluations, bien difficiles à faire, me semble-t-il, « argent liquide » faisant, est-il tenu compte du fait que ce qui entre dans les ressources d’un ménage sort nécessairement des ressources d’un autre ?

    Au paragraphe: RDV en volume … Il est fait allusion à l’indice des prix à la consommation ». Or, comme chacun sait, cet indice est très peu réaliste (volontairement ou non)et, par voie de conséquence, le RDB en volume non plus.

    Pour le reste, félicitation à l’auteur de cette très explicite fiche, et bonnet d’âne à nos législateurs qui confondent équité et complexité.

  2. Pour les transferts entre ménages, il est exact que globalement le résultat est nul. Mais quand on regarde par sous-ensemble (par exemple par « déciles », il peut y avoir des transferts de l’un à l’autre.
    La remarque sur l’indice des prix est pertinente. Nous abordons le sujet dans le texte sur les inégalités dans ce même site.

  3. Merci pour toutes ces informations. C’est très utile notamment pour les déclarations en tout genre et pour comprendre les termes techniques.

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