Grexit, qu’est-ce à dire ?

On entend qu’on craint un Grexit, ou que les institutions poussent la Grèce au Grexit, ou autre affirmation du même genre, mais que veut dire au juste ce terme et dans quelles conditions cet événement peut-il se réaliser ?

Aussi bien le gouvernement grec que les autres gouvernements, ainsi que la population grecque, ont clairement indiqué qu’ils voulaient que la Grèce reste un membre de l’Europe, donc les difficultés financières n’ont aucune raison d’entraîner une sortie de l’Europe. Ceux qui font semblant de croire que sortie de l’Europe et sortie de l’Euro sont liés ne peuvent prouver leur affirmation.

Nous parlons donc de sortie de l’euro. Certains insistent sur les précédents. Dans le cas de la sortie du rouble en 2001, la Lettonie a institué un rouble letton temporaire avant de passer au lats. Dans le cas de la sortie de son accrochage au dollar en 2002, l’Argentine a toléré de nombreuses monnaies parallèles. Bref on peut trouver des parades, mais dans tous les cas cités, le pays concerné avait décidé de sortir.

Or si le gouvernement grec refuse l’idée de la sortie (ce qui semble le cas actuellement) la possibilité du Grexit imposé de l’extérieur est bien moins évidente. La BCE ne peut couper les liquidités si les banques restent solvables, car sinon elle fait de la politique. D’autre part, en contexte de libre circulation des capitaux, il y a des moyens de sauver les banques même si elles deviennent insolvables, par exemple en les vendant à des filiales de banques étrangères qui peuvent les redémarrer avec des capitaux en euro auxquels elles continuent d’avoir accès. Ce qui n’empêche pas parallèlement l’utilisation de monnaies temporaires ou autres expédients.

Par ailleurs si les « institutions » coupent les subventions et si le gouvernement grec en retour coupe les remboursements de la dette, il est possible que le solde soit assez neutre car la plus grosse partie des subventions servaient à payer les échéances de la dette.

Bref, tant que le gouvernement grec ne le souhaite pas, un Grexit semble peu probable.

Source : Le Monde 30/06/2015 et Diego Valente « Why a selective default does not mean Grexit », Economonitor 29/06/2015