Bien qu’on ne sache pas tout ce qui se trame dans les coulisses du théâtre européen et spécialement du côté de la BCE, tout laisse penser que la probabilité d’un « accident » grec grandit.
On sait que la défaillance d’une banque, qui entraîne en chaine la chute du système financier du pays, voire plus loin, arrive souvent fortuitement lorsque le climat de défiance atteint un point tel que des financiers prennent soudain conscience d’un risque réel ou supposé qu’ils n’avaient pas anticipé jusque-là .
Or Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances a déclaré : « … nous ne savons pas exactement ce que les responsables grecs font. » Si lui ne le sait pas, qui le sait ? Et dans la même interview, à la question de savoir si la Grèce risquait de devoir sortir de l’euro à la suite d’une faillite incontrôlée, il a répondu : « … on ne peut l’exclure. ».
Que peut penser un investisseur ou un responsable bancaire en entendant cela ? Que tout est possible. En fait personne ne sait comment la Grèce paiera ses prochaines échéances, dont 6 milliards en Mars. La tranche d’aide de 7,2 milliards ne sera versée que lorsque les créanciers auront pu être persuadés qu’ils seront remboursés. Pour ces créanciers, cela veut dire mettre le nez dans les comptes. Pour le gouvernement grec, il suffit de lui faire confiance sur la liste de mesures nouvelles soumise fin Février. L’accord n’est pas en vue pour l’instant.
Le gouvernement grec n’arrange pas les choses en demandant à l’Allemagne des réparations de guerre pour les méfaits des nazis et en laissant entendre qu’il ne pourra pas honorer ses échéances.
Compte tenu de tout cela, il serait étonnant que les banques grecques trouvent beaucoup de crédit auprès de leurs consœurs européennes ou mondiales. Plus que jamais elles seraient donc dépendantes du refinancement de la BCG (banque centrale de Grèce).
Jeudi 12 Mars, la BCE a monté de 600 millions d’euros (soit un montant ridiculement faible), le plafond de son financement d’urgence (ELA) qui se monte donc à 69,4 milliards d’euros. Ce plafond révisé ne sera examiné de nouveau que Jeudi prochain. La Banque Centrale de Grèce peut dépasser ce montant mais devra en rendre compte à la BCE (voir à ce sujet notre éditorial).
Les prochains jours seront importants.
Sources :
– « L’Europe s’inquiète d’un ‘Grexit’ par accident », Cécile Ducourtieux et Frédéric Lemaître, Le Monde, 15-16 Mars 2015
– La Tribune, 12 mars 2015
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